14.06.2006 / SANTé ET AFFAIRES SOCIALES VINGT ET UNIEME RAPPORT ANNUEL
La Stratégie Nationale de Développement de la Médecine d’Urgence
En raison de l’importance de son rôle dans la préservation des vies humaines, une stratégie nationale a été réservée à la médecine d’urgence aux fins de son développement et de l’amélioration de la qualité des prestations rendues.
Entamée en 1998, la mise en œuvre de cette stratégie dont les délais d’exécution et les coûts prévisionnels n’ont pas été fixés, s’articule autour de trois axes successivement : la phase préhospitalière, la phase hospitalière et la formation.
L’examen entrepris par la Cour en vue d’apprécier dans quelle mesure les éléments de ladite stratégie ont été concrétisés, a permis de constater que l’exécution de la stratégie a été entachée d’un certain nombre d’insuffisances, tant au niveau de ses trois axes, qu’à celui des conditions de réalisation du «Projet d’appui à la création d’un réseau d’aide médicale d’urgence ».
La phase préhospitalière
L’un des objectifs majeurs de la stratégie nationale de développement de la médecine d’urgence consiste à assurer des services d’urgence permanents et accessibles à tous. Or, il a été constaté que, jusqu’au mois de juin 2005, la couverture de la totalité des régions du pays par des services d’aide médicale urgente (SAMU) était encore inachevée et la mise en place des services mobiles d’urgence et de réanimation (SMUR) dans certaines régions connaissait un retard qui s’est répercuté sur l’exécution du programme relatif à la généralisation de ces services. En outre, le cadre juridique régissant l’activité des SAMU était incomplet.
Par ailleurs, les interventions des SAMU avec la rapidité requise, nécessitent l’installation d’un réseau de communication efficace. Or, à l’exception du SAMU de Sousse, les autres services ne sont pas dotés de lignes réservées les reliant aux services hospitaliers et le processus d’adhésion du SAMU de Tunis au réseau en circuit fermé des communications numériques a marqué du retard.
Les constats établis au sujet de la lutte contre les catastrophes, ont mis en évidence l’urgence que revêtent, à divers égards, le renforcement de la complémentarité entre les parties concernées et l’adoption de mesures indispensables à la coordination entre elles.
La phase hospitalière
La stratégie a envisagé l’exécution de mesures organisationnelles en vue d’améliorer le rendement des services d’urgence. Ces mesures concernent essentiellement l’accueil des malades, les gardes médicales, la décision de la prise en charge des malades, leur hospitalisation, leur transfert ainsi que l’évaluation de l’activité des services d’urgence. Toutefois, il a été constaté que les mécanismes élaborés et tendant à garantir l’application desdites mesures d’une manière continue, n’ont pas été mis en œuvre. L’activité des comités créés à cet effet, au niveau des hôpitaux et des directions régionales de la santé publique, était limitée et la distribution du guide relatif à l’application des mesures d’organisation et à leur vulgarisation auprès des agents des établissements publics hospitaliers, n’avait pas été effectuée.
Aussi, le phénomène d’encombrement a-t-il persisté à cause des difficultés entravant le fonctionnement du système de consultation de l’après-midi.
L’élaboration de règlements intérieurs pour chaque catégorie d’organismes de santé publique et l’accélération de la mise en place de pôles inter régionaux pourraient rendre plus aisé le transfert des malades entre les hôpitaux et éviter aux usagers des services des urgences de longues attentes. De même, l’évaluation de l’activité des services d’urgence requiert l’adoption de critères dont l’application permettrait de déceler les faiblesses à corriger.
La réalisation des projets d’aménagement des services d’urgence notamment dans les hôpitaux de la Rabta, de Charles Nicolle et de Habib Thameur a été marquée par l’hésitation au niveau de la programmation de ces projets et par le retard mis dans leur l’exécution. De tels faits sont dus aussi bien à l’imprécision dans la détermination des composantes de ces projets qu’à la multiplicité des décisions prises à leur sujet..
Par ailleurs, la réalisation de deux pôles d’urgence situés respectivement aux entrées Nord et Sud du Grand Tunis, a pris elle aussi, un certain retard alors que l’objectif de ce projet vise à doter la capitale d’une unité intégrée de services inter complémentaires d’urgence capable d’accueillir toutes les victimes d’accidents et de limiter les cas de transfert entre hôpitaux.
En outre, la situation prévalant dans certains hôpitaux rend nécessaire l’intensification des efforts déployés dans le domaine de l’équipement des services d’urgence afin de les doter du matériel qui leur fait défaut et en particulier celui afférent aux unités de réanimation.
la formation
Il a été relevé que la formation souffre d’insuffisances dans la programmation des activités s’y rapportant et de l’absence de mécanismes de coordination entre les services d’urgence et les différents intervenants dans ce domaine. De même, le Ministère de la Santé Publique n’a engagé aucune des activités de formation inscrites dans le cadre du programme intitulé « un secouriste par foyer » fixé par la stratégie et dont le but est de sensibiliser le public à l’importance des premiers secours et aux techniques du secourisme.
Projet d’appui à la création d’un réseau d’aide médicale d’urgence en Tunisie
Pour le financement de ce projet, la Tunisie a bénéficié en 2001 d’un don du Gouvernement français s’élevant à 1,6 millions d’Euros. L’objectif de ce projet, dont la réalisation s’étale sur trois ans, est de contribuer à la mise en place d’un réseau d’aide médicale d’urgence et de renforcer les services d’urgence en améliorant leur capacité d’accueil et de prise en charge des malades. Ce projet vise, en outre, à former des agents exerçant dans le domaine des urgences.
Il s’est avéré cependant que les parties concernées n’ont pas réussi à concrétiser les composantes de ce projet et que le Ministère de la Santé Publique a manqué une occasion d’apporter des améliorations aux prestations de la médecine d’urgence.


